«Joyeuses fêtes de fin d’année !», pour tout enfant – 2ÈME PARTIE

Il y a une semaine je m’entretenais avec une classe de 4ème primaire sur le thème « Les enfants sur le chemin de l’école – dans d’autres coins du monde ».
Je parlais par exemple de Marcelo, 10 ans, qui amène sa petite sœur, Viviana, 6 ans, à cheval sur des plaines a perte de vue, balayées par des vents violents du pacifique, rien que sur un chemin de 18 kms en Patagonie. Ou bien je parlais aussi de Ariha, 12, avec ses deux copines, habitant aux confins de l'Afghanistan et traversant des chaînes de montagnes pour arriver à l’école – après avoir marché rien que… 22 kms, pour chaque chemin (!).

Tout d’un coup, une élève nous dit qu’en Suisse « il n’y a pas de pauvreté et que les enfants vivent bien et ont tout ce il leur faut »… Alors ma tâche commença et je dus leur expliquer, avec le soin mais aussi la clarté nécessaires, que cela n’est pas/plus « tout à fait juste »…

Dans notre contribution antérieure, nous avons – à l’aube de l'Avent et Noël – parlé du phénomène de la « pauvreté enfantine en Suisse ». Nous avons mentionné que, ce fait social contemporain et relativement nouveau, touche plus de 100,000 enfants. C’est vrai que les parents sont les premiers responsables du bien-être de l’enfant, mais la Convention relative aux droits de l’enfant englobe également la responsabilité de l’État dans ce soutien.

Dans cette 2ème partie du même thème, nous voulons donc regarder de plus près les causes de la pauvreté des enfants en Suisse, en nous basant surtout sur une étude de Caritas Suisse de 2019. Hélas, les 4 facteurs y mentionnés sont toujours et encore les mêmes, jusqu’à présent, à savoir…

Premièrement, « le coût de l’éducation des enfants » : Un enfant coûte, en fonction de la taille de la famille, entre 7,000 et 14,000 francs par an. Des coûts quasiment inévitables dans les domaines du logement et de la formation ainsi que la prise en charge extrafamiliale pèsent le plus sur le budget. Les statistiques montrent les effets d’un enfant sur le revenu disponible d’un ménage. Deuxièmement, « le faible revenu des parents » : Environ plus 70,000 enfants grandissent dans des ménages de working poor. Leurs parents travaillent soit dans des secteurs à bas salaires, soit dans des rapports de travail précaires comme auxiliaires, temporaires ou sur appel. Malgré l’emploi, leur salaire n’est pas suffisant pour couvrir les frais de la famille. Il s’agit souvent des personnes peu qualifiées qui, hélas, perdent leur emploi, ont de plus en plus de mal à retrouver un autre travail, sont souvent laissées pour compte et dépendront donc de l’aide sociale. Durant ces 20 dernières années, on constate que le nombre de personnes ayant perdu leur droit aux indemnités de l’assurance chômage a triplé. Troisièmement, le « manque de conciliation entre les mondes famille et travail » : Les parents, en mesure d’ajuster correctement vie professionnelle et vie familiale, sont moins touchés par la pauvreté.  En dépit des efforts de la Confédération, une harmonisation entre ces deux mondes est encore lacunaire. Hélas, les possibilités de prise en charge extrafamiliale de l’enfant d’âge préscolaire et scolaire varient considérablement d’une région, d’un canton à l’autre. Il faudrait disposer d’offres couvrant la demande, qui soient accessibles, abordables et allégeant surtout les familles socialement défavorisées. Elles devraient être gratuites pour les familles touchées par la pauvreté. Les cantons et les communes doivent en faire plus. À côté de la Confédération, ils doivent désormais, eux aussi, assurer le financement d’une offre adaptée aux besoins. Quatrièmement, « l’investissement étatique insuffisant dans les domaines enfants et la famille » : Notre Confédération prévoit que quiconque soit dans une situation de détresse, a le droit d’être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine. De plus, l’article 11 de notre constitution, consacré à la protection des enfants et des jeunes, dit encore que les enfants et les jeunes ont droit à une protection particulière de leur intégrité et à l’encouragement de leur développement. En Suisse cependant, les enfants sont largement considérés comme « une affaire privée » C’est pourquoi notre pays investit peu dans les enfants et les familles. 1,5 % du produit intérieur brut seulement est investi dans les prestations sociales pour les familles et les enfants, soit nettement moins que la moyenne européenne de 2,4 %. De manière générale, les dépenses consacrées à la formation, à la garde et à l’éducation de la petite enfance, qui jouent un rôle central dans la lutte contre la pauvreté des enfants, sont trois fois moins élevées en Suisse que la moyenne de l’OCDE (0,2 % du PIB).

L’intérêt supérieur de l’enfant n’est donc pas uniquement une responsabilité parentale et familiale, mais également un devoir de la société. Il incombe donc également à l’État d’assurer la couverture des besoins matériels des familles et des enfants en situation précaire. Mais enfin, pour quand ?!...

Oui, c’est bientôt Noel par ici. La nouvelle année 2024 arrive. Le mot-clé « espoir » est donc central, décisif. Nous, Formation des Parents CH, FoPa CH, aimerions lier « espoir » très étroitement avec la valeur « SOLIDARITE » et, espérons de tout cœur, que nos responsables politiques mettront plus de moyens en ouvre pour que ce phénomène de « pauvreté enfantine » disparaisse à jamais.

Bonnes fêtes de fin année 2023 et une belle entrée dans l’année 2024 !

Jorge Montoya-Romani
Secrétaire général pour la Romandie

Image : Caritas CH, Adobe Stock