Les « idées préconçues » du métier d’être parent – 1ERE PARTIE

Durant le premier semestre de l’année 2023, le « métier » des parents a fait la une des deux côtés de la Sarine.

En suisse alémanique le magazine « Fritz+Fränzi », le plus grand magazine de Suisse, dédié aux parent, avec plus de 220,000 lecteurs.trices, a publié durant le printemps une série d’articles traitant des « croyances dans l’éducation des enfants » les plus répandues et partagées. Plus tard, durant le mois d’août 2023, le journal « Le Temps » nous régale avec une autre série, amusante et pointue, sur « le métier » des parents.
En nous inspirant de ceci et de cela, nous voulons, à notre tour, vous présenter une nouvelle série de blogues qui fait la part des choses et analyse les « idées préconçues » qui influencent le fait de « devenir parent » ... Bonne lecture !

La société évolue et fusionne, les cultures s’en mêlent, les modèles sont remplacés. Rien de plus normal que la parentalité – et la manière de la vivre – suivent ces mouvements ; et que les repères se trouvent parfois bouleversés. En tout cas « en apparence » …
« D'abord le travail, après le plaisir », « L'ordre simplifie la vie », « Il faut qu'il y ait une punition » … Ces dictons contiennent des mythes parentaux qui façonnent souvent le comportement des parents, plus que nous ne le pensons – et différemment que nous le souhaitons. Les générations changent, ces références survivent. Mais, est-ce quelles sont, en soi, « consistantes », voire vraiment « vraies » ?!...

A continuation, et dans nos contributions suivantes, nous vous présentons ces « idées-croyances-repères éducatives » qui nous façonnent :
 

1. « Il faut tout un village pour élever un enfant » - vrai ou faux ?
Dans nos sociétés surtout occidentales, les enfants ont besoin d’une ou deux personnes avec qui ils entretiennent un lien solide. Chaque personne supplémentaire, comme grand-mère ou grand-père, enrichit naturellement leur vie.
Cela dit, ce sont plutôt les parents qui ont besoin de ce « village » ou de ce réseau, comme on dirait plutôt aujourd'hui, pour les soutenir et les alléger. Ce n’est que lorsque les parents disposent d’un tel réseau qu’ils peuvent trouver un espace pour « leurs propres besoins ». Et ce n’est que si les parents vont bien qu’ils peuvent aussi bien prendre soin de leurs enfants.
Le réseau est également important pour échanger des idées avec d’autres sur les problèmes parentaux ou familiaux. Parce que chaque famille arrive au point où elle ne sait plus quoi faire par elle-même. Malheureusement, il existe désormais de nombreux parents assez isolés et qui ont peu de contacts extérieurs.

Dans le passé, les structures familiales étaient tout simplement une évidence « dans le village » ; aujourd'hui, c'est davantage aux parents de construire ce village. Une façon d'y parvenir consiste à organiser des groupes de parents (« peer-to-peer ») ou suivre des cours d’éducation parentale, dans lesquels différents échanges et apprentissages mutuels seraient possibles.
 

2. « Les parents doivent être cohérents » - vrai ou faux ?
Cette phrase repose sur la conviction qu’une « éducation cohérente » peut influencer le développement des enfants. En fait, cela est vrai, mais aussi « faux » … Des études montrent que les parents exercent une influence décisive, mais limitée dans le temps, sur le chemin qu’emprunte un enfant. Ceci, parce que l'enfant commencera à donner le ton à sa vie avec « sa personnalité ». De plus, son environnement, au sens large, est également très important.

Bien entendu, les parents doivent fournir, dès le bas âge, un cadre et être un modèle. Mais ni eux ni les enfants ne sont des robots qui fonctionnent toujours de la même manière. En fonction des besoins de l'enfant et de ce qui convient à la situation respective, les parents doivent réagir différemment. Il faut donc plutôt de « la flexibilité » et non un comportement rigide. Et ce n’est pas une mauvaise chose si quelque chose ne se passe pas toujours bien. Il est surtout important d’en parler et que les parents et les enfants en tirent des leçons.
Malheureusement, le perfectionnisme dans l’éducation est désormais répandu. Il vaut mieux l'éviter, systématiquement.
 

3. « Qui jeune n'apprend, vieux ne saura » - vrai ou faux ?
Si l’on parle du cerveau, l’on dirait il apprend tout au long de la vie, même si la capacité d’apprendre diminue quelque peu (ou beaucoup) avec l’âge. Peut-être qu'il faudra alors plus de temps pour qu'un enfant arrive à maîtriser un instrument de musique. Mais cela n’a pas toujours ou nécessairement à voir avec l’âge. Le talent musical joue également un rôle. Ou la question de savoir combien vous pratiquez…

Cependant, ce « principe du tout ou rien » s’avère plutôt ou n’existe que dans le domaine des « sciences exactes », des choses concrètes. Dans le domaine de l’éducation, cela se passe autrement. Il existe des périodes limitées pendant lesquelles les enfants apprennent certaines choses plus efficacement ou plus facilement que plus tard – cela inclut l’apprentissage de langue, par exemple. Cela dit, un adulte peut aussi apprendre une langue étrangère, par exemple s’il vit longtemps à l’étranger. Donc il existe une certaine flexibilité dans le domaine du développement humain. Chose qui, dans le passé, n’était pas reconnue ou plutôt ignorée, surtout à cause de maint codes culturels et sociaux « homogénéisants » des décades passées.

Voilà la fin de cette première volée. Nous espérons que ces « idées préconçues », précieuses surtout parce qu’elles nous font y réfléchir, vous ont inspiré.es… A la prochaine !
 

Jorge Montoya-Romani
Secrétaire général pour la Romandie

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